Vivre une histoire d’amour au bureau, danger !

Coups de foudre sans lendemain ou relations durables, les idylles fleurissent sur les lieux de travail. Pourtant, même celles qui semblent promises à un bel avenir font courir de gros risques aux protagonistes.



En théorie, tout le monde est d’accord : il ne faut jamais mélanger travail et sentiment. Car entretenir une relation amoureuse au bureau, c’est risquer de s’attirer des ennuis. Mais en pratique, à force de côtoyer dix heures par jour les mêmes personnes, les «dérapages» sentimentaux ne sont pas rares. La plupart du temps, il s’agit de passades ou d’aventures d’un soir, qui ont lieu lors de circonstances exceptionnelles : séminaires, voyages, fêtes d’entreprise… Cependant, des relations plus durables peuvent aussi voir le jour : 20% des couples mariés se sont ainsi rencontrés sur leur lieu de travail. Ce fut notamment le cas pour Bill Gates et sa femme. Statistiquement, tous les sept ans, chacun d’entre nous serait exposé à vivre une «love affair», comme disent les Anglo-Saxons, au bureau. Et la fréquence serait un peu plus élevée pour ceux qui occupent une position hiérarchique. Au total, 40% des salariés concentreraient 80% des aventures. Les environnements de travail jeunes et innovants se révèlent particulièrement propices aux rencontres : dans les métiers de la création (mode, publicité, high-tech…), on enregistrerait quatre fois plus d’aventures qu’ailleurs. Mais personne n’est à l’abri. Mieux vaut donc avoir une petite idée de la conduite à adopter pour s’éviter les ennuis.

Discrétion requise


Certes, le code du travail n’interdit pas de nouer une relation personnelle avec l’un de ses collègues (le contraire serait une atteinte à la liberté individuelle). Toutefois, si l’on vous surprend dans une situation délicate sur votre lieu de travail, vous êtes passible d’une sanction pour attitude inadéquate. Même tarif si vous vous disputez en pleine réunion pour des motifs clairement personnels. C’est le comportement, et non la relation en tant que telle, qui se trouve dans ce cas puni, dans la mesure où il crée un trouble dans l’entreprise. Les sanctions vont alors de l’avertissement au licenciement. En outre, sachez qu’il sera difficile de mobiliser les syndicats sur ce genre de sujet.
Une extrême discrétion est donc de mise : il faut non seulement proscrire les regards éloquents et les gestes intimes, mais aussi éviter de déjeuner systématiquement avec la personne dont vous êtes épris. Car votre entourage professionnel aura vite fait de comprendre ce qui se passe et disposera dès lors d’un moyen de pression sur vous, ce qui vous fragilisera. En outre, si vos collègues surprennent un comportement équivoque, ils peuvent être obligés de témoigner contre vous, notamment dans le cas où votre partenaire en viendrait par la suite à vous accuser de harcèlement sexuel (ça arrive !).

Sachez par ailleurs que des entreprises, surtout anglo-saxonnes, voient d’un fort mauvais œil les idylles entre salariés. Aux Etats-Unis, certaines sociétés demandent même aux nouvelles recrues de s’engager par écrit à ne pas avoir de relations sexuelles avec leurs collègues. En France, de telles clauses sont interdites. Les entreprises n’ont pas non plus le droit d’inscrire une telle interdiction dans le règlement intérieur. Dans les faits, en revanche, elles prennent souvent prétexte du risque de voir des informations stratégiques circuler «sur l’oreiller» pour multiplier les pressions et séparer physiquement les couples. Comme le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas, de nombreux cadres vivent, malgré tout, une liaison dans le cadre professionnel. Dans un premier temps, cela réussit d’ailleurs assez bien aux intéressés. L’euphorie suscitée par le sentiment amoureux envers un collègue a des effets bénéfiques sur la motivation et les résultats : on a davantage d’entrain pour se rendre au bureau le matin, on ne compte plus ses heures, on déborde d’énergie et d’enthousiasme. Tant que tout se passe bien, une relation intime dans le cadre professionnel constitue donc un formidable dopant. Mais cet état de grâce n’est jamais durable et les lendemains peuvent se révéler redoutables. Si votre supérieur hiérarchique estime que cette aventure perturbe l’équipe et gêne le fonctionnement du service, il n’hésitera pas à mettre les pieds dans le plat : c’est à la fois son droit et son devoir de manager.

Capital.fr

Samedi 30 Octobre 2010 15:23


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